- ADAMS (JOHN) [1947- ]
- ADAMS (JOHN) [1947- ]ADAMS JOHN (1947- )Le compositeur américain John Coolidge Adams naît le 15 février 1947 à Worcester, dans le Massachusetts. Ses études musicales le conduisent à travailler la clarinette, à étudier la composition avec Leon Kirchner, David Del Tredici et Roger Sessions, à tenir le pupitre de clarinettiste suppléant de l’Orchestre symphonique de Boston, puis à diriger divers orchestres. En 1971, il trouve un milieu idéal à ses activités, puisqu’il est nommé chef du département de composition du conservatoire de San Francisco. Edo de Waart, directeur musical de l’Orchestre symphonique de San Francisco, remarque ce professeur hors du commun et lui propose un poste de conseiller musical puis de compositeur résident (1978-1985). Les options artistiques de John Adams marquent une profonde rupture avec l’académisme ambiant. Il programme, entre autres pièces, des œuvres de John Cage, d’Elliott Carter, de Steve Reich et de l’étonnant Robert Ashley. Parmi ses premières compositions, notons un Quintette avec piano (1970), American Standard (1973), pour ensemble non spécifié, Grounding (1975), pour trois voix solistes et instruments électroniques, Onyx (1976), pour bande magnétique. Les œuvres de la fin des années 1970 vont peu à peu affirmer sa véritable personnalité. La pulsation jubilatoire, le raffinement de l’orchestration, le parfait équilibre instrumental sont les marques les plus profondes de son style. Inscrit dans la large mouvance minimaliste, il fait partie de la nouvelle génération, empruntant et développant les voies ouvertes par Philip Glass, Steve Reich et Terry Riley. Adams inclut dans ses pages de savantes orchestrations en assimilant l’héritage d’un Stravinski, d’un Sibelius et d’un Copland. Ses œuvres reposent en partie sur une application à l’orchestre des effets que procure la musique électronique. Les éléments rythmiques et harmoniques semblent issus des combinaisons que l’on peut obtenir avec un synthétiseur et un séquenceur. Les deux chefs-d’œuvre pour piano, Phryggian Gates (1977) et China Gates (1977), illustrent une technique analogue au principe de déclenchement utilisé en musique électronique (gate ); une cellule de plusieurs notes est alliée à une brusque modulation suivant un processus périodique. Cette manière agit sur l’auditeur comme le flux continu d’une brume sonore, à la fois ambiante et rêveuse. Christian Zeal and Activity (1973), pour ensemble et bande, superpose un texte enregistré – le sermon d’un pasteur – à une structure polyphonique tonale. Grâce à une approche apparemment libre de toute contrainte stylistique, Adams arrive à susciter l’émotion. Le parti pris du compositeur est résolument tourné vers la redécouverte du sens de la tonalité: «La tonalité est une force fondamentale, dramatique, organisatrice. Dès le moment où il a essayé de rompre cette force, Schönberg a privé la musique de sa cohérence essentielle et naturelle.» Shaker Loops (1978) pour septuor (arrangé pour cordes en 1983) fait référence à la fois à une secte dissidente des Quakers, dont les membres sont appelés péjorativement des Shakers (to shake , «secouer»), et aux boucles (loops ) mélodiques et rythmiques qui sont utilisées dans l’œuvre. Cette magnifique pièce définit, à elle seule, la nouvelle génération minimaliste des années 1980. Grand Pianola Music (1982), sorte de concerto pour deux pianos usant d’un retard entre les deux voies solistes cher à Steve Reich, comme Fearful Symmetries (1988), à la folle énergie cinétique, sont les pendants de The Wound Dresser , pour baryton et orchestre (1989), d’une sombre retenue, sur un texte de Walt Whitman, et de Harmonielehre (1985), au titre énigmatique se référant au traité de Schönberg. Autre référence symbolique au Viennois novateur (celui, en définitive, par qui est arrivé, comme un choc en retour, le scandale minimaliste américain), la Symphonie de chambre (1992), qui doit autant aux dessins animés des années 1950, dans lesquels la musique agressive est sans cesse agitée par une force extérieure, qu’à la partition éponyme d’Arnold Schönberg, et, dans une moindre mesure, à l’influence de Stravinski, d’Hindemith et de Milhaud.L’œuvre la plus connue de John Adams est l’opéra Nixon in China (1987). Minimaliste et parfois proche de Stravinski, l’ouvrage a bénéficié de la collaboration du metteur en scène Peter Sellars et de l’écriture d’Alice Goodman. De cet opéra relatant un fait d’actualité, il a tiré des Chairman Dances , enlevées et humoristiques. Son deuxième opéra, The Death of Klinghoffer («La Mort de Klinghoffer», 1989-1991), accuse un langage linéaire et chromatique représentatif de ses nouvelles orientations stylistiques. L’opéra est fondé sur l’épisode tragique de l’assassinat, en 1985, d’un passager du paquebot Achille Lauro par un commando palestinien. Peter Sellars et Alice Goodman n’ont pas renouvelé le ton de la comédie de Nixon in China , mais souligné avec cette œuvre la profondeur des conflits religieux et économiques.Adams est également l’auteur d’un Concerto pour violon (1993), de Gnarly Buttons , pour clarinette et ensemble, de la pièce pour orchestre El Dorado (1991, une commande du San Francisco Symphony Orchestra), et de diverses transcriptions pour orchestre: La Berceuse élégiaque de Busoni, La Lugubre Gondole de Liszt, quatre mélodies de Debussy extraites des Cinq Poèmes de Baudelaire , Five Songs de Charles Ives. En parallèle, il dirige et collabore régulièrement avec l’orchestre de San Francisco mais également avec les orchestres de Cleveland, de Los Angeles et du Minnesota.Sa musique ne laisse pas indifférent; elle irrite ou séduit car Adams parvient à conjuguer avec habileté des talents de compositeur, d’orchestrateur et de chef d’orchestre au service d’une esthétique franchement postminimaliste à laquelle les esprits non sectaires ont bien du mal à résister.
Encyclopédie Universelle. 2012.